À la rencontre de notre marraine Audrey Alwett

Publié le 26 octobre 2023

Audrey Alwett, marraine pour l'édition 2024, répond à nos questions !

Interview exclusive !!

Tisseuse d’univers enchantés, ses personnages vivent des aventures bien orchestrées. À bord de sa librairie ambulante, magicière, princesse ou bien sorcière, elle nous emmène dans des odyssées ensorcelantes.

Nous vous avons proposé une devinette sur les réseaux sociaux et vous avez été nombreux·ses à deviner le nom de notre marraine pour l’édition 2024 : Audrey Alwett

Crédits : CHLOÉ VOLLMER-LO

Audrey Alwett adorait créer des histoires avant même de savoir écrire. C’est en suivant les cours de français de Danielle Martinigol à ses onze ans que son rapport à l’écriture évolue, et qu’elle en fera alors son métier après un Master en édition et avoir rejoint l’atelier Gottferdom. Sa première publication est une nouvelle, avant de s’illustrer dans divers médiums : romans, bande-dessinées, albums jeunesse, et dans de multiples genres : fantasy, science-fiction, historique, etc. Scénariste de nombreuses bandes dessinées, plusieurs séries ont un grand succès avec Princesse Sara (Éditions Soleil, 2009 – 2022) ou encore Le Grimoire d’Elfie (Drakoo : 2021 – …) qui a reçu de nombreux prix (Journal de Mickey 2021, Nickelodeon 2021, Bulle en Seine 2022, etc.). Côté romans, le premier publié est Les Poisons de Khatarz (2016, Pocket), et sa série la plus populaire Magic Charly (Gallimard, 2019-2022) a reçu les prix Rennes et Ille-et-Vilaine 2022 et Prix Croc’Livres 2021. 

Audrey Alwett s’illustre également par son activité de conteuse, ainsi que par son engagement pour les auteurices, comme avec sa participation au traité Les Artistes ont-ils vraiment besoin de manger ? (Collectif Monstograph, 2018). 

À cette occasion, nous avons posé quelques questions à notre désormais marraine, et nous vous proposons de découvrir ses réponses !

Comment te sens-tu à l’idée d’être la marraine de l’Ouest Hurlant ? Qu’est-ce qui t’attire le plus dans ce rôle ?

Je suis vraiment honorée qu’on me l’ait proposé. J’ai beau avoir vendu beaucoup de livres, mon travail est rarement reconnu par les institutions. Une situation qui concerne hélas la plupart de mes collègues autrices. Alors quand l’Ouest Hurlant m’a demandé d’être sa marraine, j’ai été très émue.

Je ne sais pas encore ce qui m’attire le plus dans ce rôle. Évidemment, je rêve de mettre mon grain de sel car j’ai beaucoup d’idées, mais j’ignore encore quelles vont êtres mes possibilités d’action. En tout cas, j’ai mon rôle d’ambassadrice très à cœur.

Comment définirais-tu l’Ouest Hurlant ?

C’est un festival bienveillant, ouvert, dans lequel on se sent à l’aise. J’ai noté que c’était souvent le cas des festivals de l’imaginaire, peut-être parce que par principe c’est un espace de liberté pour la pensée. Et puis, c’est peut-être du chauvinisme de ma part, mais j’ai toujours trouvé les ambiances bretonnes particulièrement chaleureuses. Je m’y sens chez moi. Il y a énormément de lecteurs en dédicace, ce qui est toujours agréable pour les auteurs. Mais c’est aussi un festival riche en activités, expositions, tables rondes… C’est très familial, il y en a pour tous les publics, on ne s’ennuie pas. C’est important pour moi, car je n’aime pas les salons du livre moribonds qui proposent de simples dédicaces dans un silence de mort sans rien autour, je les fuis en courant !

L’Ouest Hurlant a également un gros plus à mes yeux, les végétariens n’ont aucun mal à s’y nourrir avec délectation.

Pourrais-tu nous parler de ton dernier projet littéraire ? Qu’est-ce qui le rend unique ou important pour toi ?

Je viens de passer plus d’un an sur un manuscrit de littérature générale et historique, mais mon agent ne veut pas que je vous en parle. Alors chut, même si je ne rêve que d’en dire davantage ! Sachez juste que j’ai dû voyager aux quatre coins de la France pour travailler mon sujet et que je continue de collecter les histoires de petits saints du paganisme, cousins un peu embarrassants de l’Église qu’elle essaie plus ou moins de cacher sous le tapis aujourd’hui. Les Sainte Pataude, Saint Expedit et autres… À bon entendeur, chers lecteurs, si vous connaissez de ces histoires qui peuplent les vieux contes régionaux et les bouches des ancêtres, plus souvent que les évangiles, vous m’intéressez.

Est-ce possible d’avoir un mot sur ton prochain projet ?

Avec mon co-scénariste Christophe Arleston et ma dessinatrice Mini Ludvin, nous commençons tout juste le tome 5 de notre série de BD Le Grimoire d’Elfie qui, a priori devrait se dérouler dans un célèbre marais français. Cette série raconte l’histoire de trois sœurs orphelines qui sillonnent la France en bus-librairie pour apporter des livres aux villages qui n’en ont pas. D’abord la Bretagne, puis la Provence, l’Alsace, les Pyrénées… Nous allons passer par toutes les régions ! 

Elfie, la plus jeune sœur est aussi une sorcière et a hérité d’un grimoire magique de sa mère, dont elle doit recharger la magie en écrivant des histoires. La création est une forme de magie, après tout ! Il y a également  un côté Club des cinq avec des enquêtes. Ça parle aussi beaucoup de liens familiaux et de la grande richesse culturelle des terroirs. Chaque fois, nous effectuons d’importantes recherches sur les langues et les contes locaux, les gastronomies, les expressions, les argots, les curiosités ou l’Histoire avec sa grande hache et la façon dont elle a marqué la région. J’ai passé toutes les vacances de mon enfance en famille dans le camping-car de mon père à sillonner le pays, alors cela fait resurgir beaucoup de souvenirs en moi…

Sur cette série, nous apportons un regard tendre, plein d’humour, mais surtout moderne. Ce dernier point est très important pour nous. Le régionalisme est souvent un bastion revendiqué par les réactionnaires. Nous travaillons à ne pas le leur laisser et à apporter une vision moderne à ces endroits souvent ignorés par la littérature.

Ton travail couvre un large éventail de genres littéraires de l’imaginaire. Comment navigues-tu entre ces différents styles d’écriture ?

L’avantage de passer d’un projet à un autre, c’est que je ne suis jamais en panne d’inspiration. L’inconvénient majeur, c’est que je ne peux jamais me reposer. Le roman demande un temps long avec un très gros édifice à porter en tête, c’est assez difficile de m’interrompre pour faire autre chose, même une intervention scolaire. Plus le roman que je porte est ambitieux, plus les interruptions cassent facilement les nombreux fils que j’ai en tête et à chaque fois, il me faut du temps pour les retisser. La BD supporte plus facilement d’être interrompue, car, par nature, c’est une narration très segmentée en cases, pages et scènes, qui demande d’ailleurs une grosse préparation et un vrai découpage en amont. C’est avec la BD que j’ai appris à travailler des synopsis ambitieux, qui m’ont permis de porter l’écriture de mes romans beaucoup plus loin. L’inconvénient en BD c’est que je suis obligée de suivre le rythme de mes dessinatrices et coloristes. Créer une bande dessinée prend aussi un an, en moyenne.

As-tu un ouvrage, tous genres confondus, que tu voudrais nous partager ?

Ma trilogie Magic Charly, parue chez Gallimard Jeunesse. C’est l’œuvre qui me ressemble le plus. Je suis très fière de ma narration qui y est assez complexe, tout en ayant des allures de simplicité pour le lecteur. Ces trois livres contiennent aussi un foisonnement de détails et une richesse d’univers à laquelle je suis très attachée, parce que pour moi, l’émerveillement est un concept sous-estimé dans notre société, dont on étudie trop peu les bienfaits sur l’intellect et l’esprit humain en général. Enfin, j’aime beaucoup mes personnages et les questions philosophiques ou sociétales que j’y ai abordées.

Mais il y a déjà eu une exposition Magic Charly à l’Ouest Hurlant l’an dernier, alors je ferai peut-être mieux de vous parler du Jardin des Fées, une série de BD que je réalise avec Nora Moretti au dessin ? J’aime aussi beaucoup cette série où chaque voeu tue la fée qui l’exauce et où leur miel est une panacée universelle. Cela parle de la quête désespérée d’un jardin dans un monde qui préfère piller ses ressources plutôt que de s’ouvrir au merveilleux qui l’entoure…

 

Merci à Audrey Alwett d’avoir accepté d’être notre parrain pour cette nouvelle édition, nous nous retrouverons maintenant les 4 et 5 mai 2024 sur le festival !

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